L’élusive Égalité
Bravo à Aspen pour sa certification d’employeur à salaire égal. N’empêche, en 2023, je suis découragée de constater la nécessité de telles certifications, ou encore l’urgence de loi et règlementation pour faire respecter les principes de base d’égalité et d’inclusion. Parce que l’égalité au travail va au-delà de la parité simplifiée hommes-femmes.
Il y a aussi la triste réalité de notre pays ou les couleurs de notre nation arc-en-ciel se mixent peu et où l’égalité régresse avec comme excuses primaires et non-avouées des considérations de race et antécédents « culturels et historiques ». A ce sujet, j’ai assisté récemment à une conférence de Samah Karaki, Iranienne et docteure en neuropsychologie. Elle parlait d’études dérangeantes pour beaucoup, qui ont prouvé que même au pays d’Obama et de son resonnant « Yes you can », ceux nés dans une position sociale et financière « confortable » disposent d’un avantage certain pour « réussir » comparativement à d’autres avec les mêmes compétences mais issus de la classe moyenne, ouvrière ou défavorisée. Selon Samah Karaki, notre naissance serait donc une fatalité déterminante dans notre réussite professionnelle.
Comment avancer ? A coup de lois et de certifications ? Oui, mais pas que. Pour aborder cette question d’inégalité systémique, nous devrions aussi revoir le rôle de l’éducation en intégrant non des méthodes d’enseignement inclusives, et de solides programmes d’études sur l’égalité et l’inclusion. Histoire de favoriser une génération future plus sensible à l’importance de la diversité et de l’inclusion.
Mais pas que, une fois de plus ! Le recours à l’éducation et aux lois ne suffira pas. Il est primordial d’œuvrer pour un effort collectif qui incluent de profonds changements sociétaux (et de mentalité). Et le monde des affaires pourrait porter le flambeau.
A cet effet, j’adore l’exemple de l’ONG internationale B Team, fondée en 2013 par plusieurs hommes et femmes d’affaires dont Sir Richard Branson, Jochen Zeitz et Mo Ibrahim. L’objectif de B Team est de à promouvoir une autre façon, plus juste et soutenable, de faire du business. B Team a sorti un guide pour les CEOs sur l’inclusivité qui leur demande, entre autres, de répondre à cinq questions fondamentales :
Si leur entreprise a des objectifs ambitieux pour l’équilibre entre les sexes et la diversité, et mesure systématiquement le progrès accompli sur une base annuelle.
Si leur équipe dirigeante est suffisamment diversifiée, et au cas contraire, s’il y a un plan pour arriver à un juste équilibre.
Si leur entreprise a un ensemble diversifié de fournisseurs et a des lignes directrices comprenant des politiques contre les discriminations diverses dans ce domaine.
S’il y a un véritable processus interne pour lutter contre les préjugés en matière d’embauche, de promotion, d’évaluation et de répartition des « chances ».
Si, en tant que dirigeant, moi-même j’embauche, je guide et je parraine des gens qui sont différents de moi.
Tout de go, combien de dirigeants d’ici pourraient répondre avec un « oui » catégorique ?
La diversité et l’inclusion sont essentielles pour stimuler l’innovation, améliorer la prise de décision et créer une société juste et prospère. L’atteinte d’un meilleur équilibre pour la génération de nos enfants exige une approche multidimensionnelle en urgence. En tant que chef/fes d’entreprise, nous pouvons tous avoir un impact direct. A nous de faire notre part pour bâtir une société où l’égalité est la norme plutôt que l’exception.
A quand la branche Mauricienne de B Team?